Santé des femmes aidantes : quels enjeux, quels risques, quelles solutions ?

À l’occasion du 8 mars, Journée Internationale des droits des femmes, le Collectif Je t’Aide souhaite alerter sur la nécessité de prendre en compte la dimension genrée de l’aidance. Alors que ces aidantes prennent soin de la santé de leurs proches, qu’en est-il de leur propre santé ?

L’aidance : un rôle encore trop genré

Aujourd’hui, 60% des aidant.es sont des femmes, et ce chiffre monte jusqu’à 74% lorsque les soins des personnes aidées deviennent plus contraignants physiquement et psychiquement. Différentes études soulignent que les femmes sont plus nombreuses et aident de manière spécifique, propre au rôle général que la société leur attribue. Si l’aidance a mis du temps à être perçu comme un sujet politique, c’est que celle-ci est perçue comme « normale » et relevant de la sphère privée. Les solidarités familiales reposent en majeure partie sur les femmes aidantes et il est noté que les femmes sont souvent rattachées à la notion de soin. Celles-ci se préoccupent davantage de la santé de leurs proches, c’est le cas pour 81% des Françaises. Elles sont d’ailleurs 57% à assumer de façon quasi exclusive la responsabilité de la santé de leurs enfants (contre 5% des hommes).

La santé des femmes aidantes

Si les aidant.es pallient un système de soin à bout de souffle, ils sont également en plus mauvaise santé que les personnes qui n’aident pas. Aider provoque un état d’épuisement réel et de surmenage chez plus de 6 aidants sur 10 (62 %). De plus, 75 % déclarent fatigue et stress dus à leur rôle d’aidant. Au-delà de cet état d’épuisement, il est observé le développement de maladies chroniques chez beaucoup d’aidant.es : d’après une enquête de la DRESS de 2008, 48% des aidants déclarent avoir une maladie chronique. À la croisée de différentes inégalités, l’épuisement est d’autant plus présent chez les femmes aidantes, globalement plus représentées dans les situations d’aide difficiles (plus d’heures consacrées à l’aide, tâches plus lourdes, proche aidé.e plus dépendant.e…). Ainsi, 60 % des aidants vivant l’aide comme un fardeau « très lourd » sont des femmes*.
Ainsi, un paradoxe semble se dessiner. Les femmes sont souvent les garantes du care et de la santé au sein des familles : elles s’occupent des rendez-vous médicaux de leurs proches, elles préparent souvent les repas et sont donc en charge de la bonne alimentation de leurs proches et elles sont majoritaires dans les métiers du soin et du médico-social, développant ainsi des connaissances, compétences, savoirs expérientiels en santé spécifiques. Pourtant, les constats faits sur la santé des femmes aidantes sont sans appel. Elles s’occupent peu de leur santé par manque de temps pour le faire – d’autant plus en prenant en compte le cumul des rôles femme/mère/fille/aidante. Elles sous-estiment leur fatigue, et ne se sentent pas légitimes de dire qu’elles ont besoin d’aide ou de temps pour elle puisque ces rôles sont encore considérés comme naturels.

 
(Source : Enquête IPSOS-Macif sur la situation des aidants en 2020 : des aidants en attentes de solutions)

8 mars : l’occasion de visibiliser les femmes aidantes et défendre leurs droits

Le 8 mars, c’est le jour qui rappelle les inégalités auxquelles font face les femmes. Parler des aidantes, c’est parler des droits des femmes au sens large et comprendre comment ces inégalités se creusent encore davantage dans des situations d’aidance. Parler des droits des femmes, c’est s’organiser pour acquérir plus de droits auprès des pouvoirs publics. Le 8 mars, c’est l’occasion de répondre à l’appel des associations féministes et de mettre en avant les droits des femmes : en parlant, en lisant, en allant marcher ou en s’engageant ! À cette occasion, le Collectif Je t’Aide propose de mettre en valeur des solutions, dispositifs et revendique la mise en place de droits concrets pour une meilleure prise en compte de la santé des aidant.es.

Parce que l’aidance peut toucher chacune et chacun, et en particulier les femmes, le FNCIDFF propose, depuis 2017, un dispositif afin d’accompagner les proches aidant·es dans le champ de l’information juridique et sociale, la conciliation des temps de vie, l’emploi, la santé (lien ici).
Convaincu de l’intérêt de sensibiliser sur la dimension genrée de l’aidance en se mobilisant avec de structures défendant les droits des femmes, le Collectif Je t’Aide a contribué en 2023 au guide “Aidante et salariée” conçu par le Laboratoire de l’Egalité et Audencia.
À travers son travail de plaidoyer, le Collectif Je t’Aide revendique également l’urgence de créer un bilan de santé annuel pour tous.tes les aidant·es et garantir des consultations psychologiques gratuites, dès l’annonce du diagnostic de l’aidé.e et tout au long du parcours.
 

Découvrez les témoignages 2024 de femmes aidantes

Conférence en ligne avec le FNCIDFF sur les droits des aidantes

Conférence Audencia sur les salariées aidantes

GUIDE “AIDANTE ET SALARIÉE »

Partager cet article
Inscrivez-vous
à la newsletter :