L’isolement social des aidant.es : Retour sur la conférence du 3 juin

Le 3 juin dernier, le Collectif Je t’Aide organisait une conférence sur l’isolement social des aidant.es qui a réuni plus de 90 participant.es. L’occasion pour l’association de présenter son plaidoyer 2021 sur cette thématique, ses 10 propositions et de mettre en avant des solutions innovantes.

Qui sont les aidant.es ?

La France compte 11 millions de proches aidant.es dont 58% sont des femmes — proportion qui augmente à mesure qu’augmente la charge — et 500 000 sont des jeunes aidant.es. Selon le Baromètre des Aidants de la Fondation April, 62% des aidant.es sont en activité professionnelle.

L’isolement social des aidant.es, de quoi parle-t-on ?

Les travaux de recherche mettent en lumière deux axes d’analyse de l’isolement social : un déficit de protection et un déni de reconnaissance. Peu de travaux existent sur l’isolement social des aidant.es, mais ils sont 1 sur 2 à se sentir seul.e, alors que l’isolement social touche en moyenne 10 à 15% de la population générale. L’isolement social est créé par une succession d’évènements qui conduisent à un retrait progressif de la société, entraînant ce que nomment les sociologues “le cercle vicieux de l’isolement”.

Un déficit de protection

Le déficit de protection se caractérise par un manque d’accompagnement des aidant.es qui effectuent, souvent seul.es, un travail invisible et gratuit. Aider un proche nécessite beaucoup de temps et d’attention dans la durée, entraîne des frais financiers et a des impacts sur la vie professionnelle. Les aidant.es sont contraints à des choix et ce sont souvent les temps de socialisation ou pour soi qui s’en trouvent alors réduits.

Un déni de reconnaissance

 

Le déni de reconnaissance se manifeste par l’incompréhension de l’entourage de ce rôle d’aidant.e et un déficit de visibilité dans la société. Si aujourd’hui, 48% des Français.es connaissent le terme “aidant.e”, ils ne sont que 38% à en connaître véritablement la définition.

L’impact des confinements successifs

Les confinements successifs ont accru l’isolement social des aidant.es, qui ont dû faire face à la fermeture de certains établissements, la réduction de certains services et réaliser pour certains des gestes techniques médicaux. 61% d’entre eux déclarent avoir eu un niveau d’inquiétude élevé face à la situation sanitaire. Le Collectif Je t’Aide a mené en août 2020 une étude sur ce sujet : “Les aidant.es à l’épreuve du confinement”.

Quelles solutions pour lutter contre l’isolement social des aidant.es ?

Lever les freins

Lutter contre l’isolement social des aidant.es, c’est d’abord identifier et lever les freins : l’assignation institutionnelle et culturelle de l’aidance qui crée de l’auto-censure et de la culpabilité chez les aidant.es à demander de l’aide ainsi que les complexités administratives qui rendent difficiles l’accès au répit et aux droits.

Les initiatives innovantes pour lutter contre l’isolement social des aidant.es

  • Les lignes d’écoute

     

Alice Steenhouwer, Directrice d’Avec Nos Proches, présentait les lignes d’écoute, initiative menée par cette association ainsi que celles

 affichées ci-dessous.

Les lignes  d’écoutes sont des espaces d’écoute bienveillante, dans le respect de la confidentialité. Cet outil est une première

portepour briser l’isolement, libérer la parole des aidant.es et les orienter vers des solutions de

proximité.

  • L’accompagnement et les groupes entre pairs

Pascal Jannot, Président-Fondateur de La Maison des Aidants® Association Nationale, a dans un second temps, exposé les solutions d’accompagnement des aidant.es ainsi que les groupes entre pairs.

L’accompagnement est souvent réalisé par un.e professionnel.le. Cette solution permet à l’aidant.e de trouver des solutions, se sentir écouté.e et aidé.e dans son parcours d’aidance.Les groupes entre pairs, quant à eux, peuvent prendre la forme de groupes de parole, d’ateliers de parents, de cafés des aidant.es, les appellations étant diverses selon les structures. Les aidant.es s’y expriment en partageant les problématiques qu’ils vivent au quotidien et trouvent du soutien dans ces temps d’échanges qui mettent en lumière à la fois des solutions mais aussi le caractère commun d’un certain nombre d’enjeux.

  • Les séjours de répit

Enfin Joanna Jammes, Directrice de l’Envol, a présenté les séjours de répit.

Les séjours de répit sont motivés par la volonté de passer un moment en famille ou de prendre un temps pour soi sans son proche. Ces séjours permettent de rencontrer d’autres familles qui traversent la même expérience et de rompre l’isolement.

Aperçu des débats

Les échanges ont mis en avant divers enjeux, comme la mise en place d’un statut d’aidant, la création d’un cinquième risque à la Sécurité Sociale, la situation des parents aidant.es, la valorisation des acquis de l’expérience d’aidant.e, le retour à l’emploi, le rôle des entreprises dans la reconnaissance des aidant.es ou encore les aides financières existantes. 

Le partage des actions menées par d’autres associations et structures ont montré que l’isolement social des aidant.es est une réalité et un enjeu majeur dont plusieurs acteur.rices se sont saisies pour y répondre.

Les 10 propositions du Collectif Je t’Aide

  • PROPOSITION 1

Conduire une étude nationale menée par la DRESS pour mettre à jour et compléter les données de connaissance et de repérage des aidant.es en France.

  • PROPOSITION 2

Mener une campagne de sensibilisation nationale lors de la Journée Nationale des Aidant.es (JNA) le 6 octobre, financée et diffusée par le Ministère des Solidarités et de la Santé sur le modèle des grandes campagnes de prévention.

  • PROPOSITION 3

Former tous les professionnel.les en contact avec les aidant.es, tels que les professionnel. les de santé, sociaux, médico-sociaux, de l’Edu- cation Nationale, de la médecine du travail, les employeur.euses, les fonctions RH et les acteur.rices des séjours de vacances et animateur.rices au repérage des aidant.es et à leur orientation vers des structures adaptées d’in- formations et d’accompagnement.

  • PROPOSITION 4

Associer le Collectif Je t’Aide à la création du cahier des charges du label de lieux d’accueil des aidant.es proposé par le Gouvernement. Cette labellisation devra valoriser les initiatives qui prennent en compte l’ensemble des aidant.es et décloisonner les volets handicap et perte d’autonomie, et les structures qui informent déjà les aidant.es telles que les plateformes de répit et les communautés 360.

  • PROPOSITION 5

Soutenir financièrement les associations et fondations qui accompagnent et soutiennent les aidant.es dans une démarche globale et de qualité.

  • PROPOSITION 6

Former les professionnel.les de l’emploi, du recrutement et de la formation professionnelle (Pôle Emploi, APEC, Missions locales, organismes de formation, recruteurs, agences d’intérim…) au repérage et à l’accompagnement des aidant.es dans la mise en valeur des compétences acquises durant l’aidance et dans leur maintien et retour à l’emploi.

  • PROPOSITION 7

Étendre le congé de proche aidant aux aidant.es s’occupant d’un.e proche évalué.e en GIR 4, atteint.e d’affection de longue durée et d’un.e proche en situation de handicap inférieur à 80% présentant une situation complexe. Étendre la durée de ce congé au-delà de 3 mois, augmenter son indemnisation et permettre un congé par proche accompagné.e pour les aidant.es qui s’occupent de plusieurs proches.

  • PROPOSITION 8

Développer, diversifier et rendre accessibles

géographiquement et financièrement les dispositifs de répit. Développer le maillage des plateformes de répit, tous motifs d’aide confondus, ainsi que leurs financements. Y inclure le répit de longue durée y compris au domicile (suppléance, relayage, baluchonnage®) et les dispositifs de répit non institutionnels.

  • PROPOSITION 9

Poursuivre l’accessibilité universelle des lieux publics, de loisirs et de citoyenneté pour permettre l’accès aux aidant.es et leurs proches aux lieux de sociabilité et développer des solutions de mobilité plus souples, généralisées et moins coûteuses pour se rendre dans ces lieux.

  • PROPOSITION 10

Promouvoir les lieux de vacances et de loisirs inclusifs pour permettre à chacun.e de vivre en société et favoriser la rencontre et le changement de regard sur la maladie, le handicap, la dépendance et les fragilités. Former les professionnel.les de l’animation à l’accompagnement des aidant.es.

Pour aller plus loin

Voir la vidéo de la conférence et téléchargez le Powerpoint 

Téléchargez le plaidoyer 2021 et retrouvez ceux des années précédentes sur le répit, la précarité et la santé des aidant.es. 

Voir le Facebook Live à destination des aidant.es sur l’isolement social “Je suis aidant.e, je ne suis pas seul.e” qui a eu lieu le mardi 15 Juin.

Vous menez une initiative qui permet de lutter contre l’isolement social des aidant.es ? Postulez à notre appel à projets “Prix Initiative Aidant.es” jusqu’au 15 août ! A la clé : 4 000€  de récompense. Voir ici

Enregistrement vidéo de la conférence

Télécharger le plaidoyer

Télécharger le Powerpoint de Présentation de la conférence

Partager cet article
Inscrivez-vous
à la newsletter :