Retour sur LE rendez-vous de la Journée Nationale des Aidant·es 2024 !
Le 1er octobre 2024 a eu lieu la 15ème édition de la Journée Nationale des Aidant·es. A cette occasion, le Collectif Je t’Aide a organisé son événement “15 ans de Journée Nationale des Aidant.es : l’aidance face à un plafond de verre ?” à la mairie du 18ème arrondissement de Paris. Retour sur ce riche événement !
Pourquoi un évènement annuel autour de la JNA ?
Chaque année, la mobilisation autour de la Journée Nationale des Aidant·es fédère des centaines de structures et se traduit par de nombreux événements partout en France. Aux alentours du 6 octobre, le Collectif Je t’Aide organise tous les ans son évènement. Cette année, celui-ci a eu lieu à la mairie du 18e arrondissement de Paris et avait pour thème “15ème édition de la JNA : l’aidance face à un plafond de verre ?”.
Au programme de cet après-midi : présentation du plaidoyer 2024, présentation du baromètre des aidants 2024, deux tables-rondes, des respirations artistiques, et un cocktail. Cet événement a réuni plus de 115 personnes : des représentant.es d’associations, des acteur.rics politiques, des entreprises, des aidant.es et le grand public. Cet événement était animé par Alice Steenhouwer, Trésorière du Collectif Je t’Aide et Directrice de l’association Avec Nos Proches. Un rôle riche de sens puisque l’association Avec Nos Proches a été l’une des structures fondatrices du Collectif Je t’Aide.
Retour sur les différents temps forts de cet après-midi.
Discours d’introduction
Cet événement a été ouvert par Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide, qui a ainsi pu mettre en avant les avancées obtenues ces 15 dernières années, tout en rappelant les défis que relèvent les 15 prochaines années. Le maire de la mairie du 18ème arrondissement de Paris, Eric Lejoindre, a également tenu à ouvrir cet après-midi, en rappelant l’importance de prendre en compte et d’accompagner les aidant.es. Pour finir ce temps d’introduction, Isabelle Ouedraogo, Présidente du Comité d’Action Sociale de la MSA, a pu rappeler les actions de la MSA et les raisons de son soutien de cette 15ème édition de la Journée Nationale des Aidant.es, tant à travers la mobilisation que cet événement du 1er octobre.
Présentation des travaux du Collectif Je t’Aide
Ce rendez-vous de la JNA a été l’occasion pour le Collectif Je t’Aide de présenter ses différents travaux, sortis à la rentrée : son plaidoyer 2024 et son baromètre des aidant.es. Ainsi, Morgane Hiron, Déléguée Générale du Collectif Je t’Aide, a pu présenter les grandes dates clés de la Journée Nationale des Aidant.es depuis sa création en 2010. Puis, elle est revenue sur quelques chiffres clés du Baromètre des aidant.es 2024 : composition de la population des aidant.es, impacts sur les aidant.es, ou encore, connaissance du sujet et du secteur.
Table ronde 1 “Pourquoi une Journée Nationale des Aidants ? Retour sur la genèse et le développement de la JNA”
Nora Berra, alors Secrétaire d’État chargée des aînés, est à l’initiative de cette Journée Nationale des Aidant.es en 2010. Lors de cette table ronde, elle a ainsi pu revenir sur le processus de création de cette journée. Animée par la conviction qu’il y avait un besoin important de sensibilisation sur ce sujet car l’aidance concerne tout le monde, l’objectif était de créer cette journée afin de rendre cette cause visible. Ainsi, plusieurs ministères ont travaillé ensemble au début de cette mobilisation, permettant ensuite au secteur associatif de reprendre ce mouvement.
Concernant la situation actuelle de cette mobilisation, Nora Berra souligne l’importance du portage politique et rappelle la réalité qui est celle des dossiers non repris entre différents gouvernements. Face à cela, elle rappelle l’importance de financements privés et de la mobilisation citoyenne afin de continuer à faire entendre la cause des aidant.es.
En tant que conseillère nationale d’APF France handicap et co-animatrice du CIAAF, structures présentes en 2010 et contributrices des premières mobilisations JNA, Bénédicte Kail a pu revenir sur les motivations les amenant à la co-construction de cette journée. Le CIAAF a été associé à la co-construction de cette journée, toutefois, Bénédicte Kail souligne le regret présent à l’époque que celle-ci ait été trop tournée vers les aidant·es de personnes âgées.
Aujourd’hui, alors que celui-ci s’est affaibli avec le temps, c’est un portage gouvernemental qui est souhaité. Si la JNA est devenu un moment d’annonces par le gouvernement (stratégie nationale, campagne de sensibilisation), les craintes quant au portage politique futur sont réelles.
En tant que premier Délégué Général du Collectif Je t’Aide, entre 2015 et 2021, Olivier Morice a pu revenir sur la mobilisation JNA après 2010 et son évolution. Après la création de cette journée, celle-ci n’a pas forcément été reprise par les pouvoirs publics suite au départ de Nora Berra. Avec la volonté de reprendre cette mobilisation, l’Association pour la Journée Nationale des Aidants (ensuite Collectif Je t’Aide) a donc été créée en 2015. A partir de cette date, le travail de communication et de plaidoyer s’est développé et les liens se sont renforcés entre les structures du secteur. L’objectif étant de donner des outils concrets aux associations qui souhaitent s’engager.
Aujourd’hui, le constat est clair : toute cette mobilisation des acteur.rices a permis d’avoir des premiers droits pour les aidant.es et de porter le sujet comme véritable sujet politique. Cependant, le portage politique se fait aujourd’hui bien moindre et il est nécessaire de se poser la question suivante : comment continuer à porter ces revendications.
Travaillant à l’association Répit Bulle d’Air depuis 2011, puis de nouveau en 2020 après une pause de 5 années, Emilie Boisseau a pu témoigner de l’évolution de la mobilisation JNA sur son territoire. Ainsi, Emilie Boisseau a pu souligner l’évolution de la connaissance du terme aidant et témoigner du fait que celui-ci est davantage connu qu’en 2011. Au fil des années, ce sont aussi les actions locales qui se sont largement développées dans le cadre de la mobilisation JNA et qui ont permis la visibilisation de celle-ci. De plus, Emilie Boisseau souligne les liens entre les différents acteur.rices du territoire qui se sont renforcés et la manière dont ils ont commencé à travailler ensemble.
Si les collectivités locales se sont de plus en plus investies sur la question, il est tout de même souligné que malgré cette visibilité, il y a encore un manque de reconnaissance. Dans ce sens, il est noté une différence entre le dynamisme local et les ralentissements au niveau national.
Table ronde 2 “2024 : 15 ans de mobilisation JNA : l’aidance face à un plafond de verre ?”
Corinne Benzekri a pu revenir sur les constats établis par le Collectif Je t’Aide dans son plaidoyer 2024 et notamment sur le paradoxe suivant : les aidant.es n’ont jamais été aussi visibles qu’en 2024, et pourtant, ils n’ont jamais été aussi en danger. Aujourd’hui, le manque criant de financement des structures d’accueil, l’instabilité politique au niveau nationale et la fragilité des financements des associations alarment le secteur de l’aidance.
Pour faire avancer les choses, “il faut aujourd’hui aussi se concentrer sur les territoires, là où les choses bougent réellement” explique Corinne Benzekri. Puis, il est primordial de continuer à se mobiliser, ensemble, collectivement, et de donner les moyens aux aidant.es pour qu’ils puissent agir, se mobiliser, et devenir une force politique entendue.
Travaillant depuis des années sur l’aidance, Franck Guichet, sociologue et directeur associé chez ÉmiCité, a pu faire part de son analyse sur l’évolution de la prise en compte de l’aidance dans les politiques publiques de ces 15 dernières années. Aujourd’hui, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et la nouvelle stratégie “Agir pour les aidants” est peu ambitieuse et non financée. Le ressenti de beaucoup d’acteur.rices du secteur est que les promesses ne sont pas tenues et que nombre de mesures sont encore en attente. De plus le manque de financement est criant, par exemple, les services d’autonomie à domicile ont comme nouvelle mission le soutien aux aidants, mais celle-ci n’est pas financée. La dégradation de l’accompagnement des personnes aidées mène ainsi à celle des aidant.es.
Afin de continuer la mobilisation, Franck Guichet propose de réaliser des alliances entre les professionnel.les et les aidant.es pour porter ensemble des revendications. Concernant le manque de financement, la solution peut-être de se tourner vers d’autres instances que les pouvoirs publics dans le but d’assurer la continuité des actions du secteur.
Aidante de son mari et Secrétaire adjointe du Collectif Je t’Aide, Martine Franzin Garrec a pu témoigner de son expérience. Aujourd’hui, le constat est aussi frappant dans le quotidien des aidant.es : lenteur administrative, difficultés à trouver des professionnels, épuisement, tant d’exemples partagés par de nombreux aidant.es. Au fil des années et des barrières qui se font de plus en plus présentes, Martine Franzin Garrec partage son sentiment d’être brutalisée et rappelle l’urgence qu’il y a à agir.
“Les aidant.es ne peuvent pas attendre encore 15 ans, les choses doivent changer plus vite et des moyens concrets doivent être mis en place pour les épauler” souligne Martine Franzin Garrec. Il est aussi primordial de continuer à rendre visible les aidant.es, dans toute leur diversité et complexité, sans les décrire comme des victimes ou des héros, mais comme des personnes demandant simplement à accompagner dignement leurs proches.
Respirations artistiques
Après chacune des deux tables rondes, deux respirations artistiques ont été proposées au public afin de parler de l’aidance sous une autre forme.
Un extrait du one-woman show “Alzhei’mère” : Sophie Belvisi y parle de son parcours de jeune aidante auprès de sa maman atteinte d’un Alzheimer précoce avec humour, autodérision et quelques vocalises.
Un extrait de la pièce “Le prince à la tête de coton” : Nicolas Porcher, Ellen Huynh Thien Duc, Quentin Raymond et Marie-Béatrice Dardenne racontent par fragments le parcours d’une famille touchée par la maladie du père.
Événement soutenu par la MSA