Josette aidante de sa mère Jeannette âgée de 101 ans et ancienne résistante.

Josette est aidante de sa mère Jeannette âgée de 101 ans et ancienne résistante. Elle fait partie des têtes d’affiche de la nouvelle campagne de sensibilisation du Collectif Je t’Aide intitulée, « Aider ne devrait plus être un combat ».

 

Quelle était votre situation professionnelle et personnelle avant de devenir aidante ?

Je travaillais comme cheffe de service transit dans le transport international routier à destination de la Russie. C’était un travail stressant et prenant.

J’étais cinéphile, je le suis toujours d’ailleurs. Je faisais partie d’une association dans le cinéma et y participais activement. J’étais et suis toujours adhérente d’une association arménienne et une association de résistant.e.s car ma mère était résistante. Avant, ma mère me suivait dans ces activités. Elle intervenait au sein de collèges et lycées pour témoigner. Maintenant c’est compliqué.

Comment avez-vous basculé dans un rôle d’aidante ?

En mai 2008, ma mère qui était en voyage en Espagne a fait une chute sur le chemin du retour. Elle s’est fracturée l’humérus droit et a eu le nez tuméfié. Elle avait refusé de se faire hospitaliser en Espagne.

A son retour à Paris, je me rends compte lors de son hospitalisation qu’elle a des soucis de mémoire. Son gériatre me confirme que la chute a aggravé sa situation et a accéléré son déclin.

Elle a ensuite fait une deuxième chute en août 2008 dans des escaliers. Elle me l’avait cachée car elle ne voulait pas que j’annule mes vacances. Mais je me suis rendue compte que quelque chose clochait. Elle s’était cette fois-ci fracturée l’épaule gauche.

A son retour en France, j’ai mis des choses en place : la toilette du matin, les démarches administratives…Je faisais la navette entre son domicile et le mien.

En 2010, elle se fait opérer de la cataracte. Après cette hospitalisation, elle est venue vivre chez moi définitivement. C’était un soulagement car je n’avais plus à faire la navette.

 

Quel est votre quotidien aujourd’hui ? Comment parvenez-vous à concilier votre vie d’aidante et votre vie personnelle ?

J’ai une aide à domicile qui s’occupe des toilettes et une infirmière une fois par semaine pour effectuer des contrôles. Je lui fais ses soins intimes. Chaque matin, après m’être occupée d’elle, je me lave. J’essaie de me rendre au sein du centre d’actions sociales pour récupérer des plateaux repas que je complète. Cela me permet de sortir et de marcher un peu.

Je suis obligée d’avoir un planning bien organisé pour qu’elle puisse prendre ses repas. Donc si les aides à domicile arrivent en retard, tout mon emploi du temps est bousculé.

Elle est en hôpital de jour en ce moment, ce qui me permet d’avoir un peu de répit. Mais ma vie personnelle disparaît peu à peu. Ma mère est âgée de 101 ans. La perte d’autonomie s’intensifie et elle est très dépendante. Elle ne peut plus participer aux activités associatives et j’évite de la laisser seule à la maison. Du coup, ça limite mes sorties. Pour moi c’est difficile. Par exemple, chaque été nous avions l’habitude d’aller ensemble dans le Midi en autotrain. Ce dispositif n’existe plus et c’est une catastrophe car je ne peux pas lui imposer un trajet de 900 km en voiture. Je ne peux donc pas aller en vacances cette année. C’est dur.

Quelles sont difficultés que vous rencontrez en tant qu’aidante? 

Je suis toujours en train de courir après tout le monde pour faire respecter les horaires des aides à domicile. C’est compliqué de leur faire comprendre qu’il est important que ma mère prenne un petit déjeuner tôt afin qu’elle ne déjeune pas trop tard. Ma mère est dénutrie car elle n’a pas beaucoup d’appétit. Les repas sont très importants.

Elle était auparavant en EHPAD, c’était catastrophique. Je l’ai récupérée avec des hématomes sur le corps. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne le saurai jamais. Elle est revenue paranoïaque. Un soir dans la nuit, je suis entrée dans sa chambre. Elle m’attendait avec sa canne levée prête à se défendre. Lorsqu’elle a vu que c’était moi, elle s’est calmée.

Quels messages avez-vous eu envie de passer à travers la campagne d’affiche 2020 du Collectif Je t’Aide ?

Je souhaiterais qu’on soit davantage écouté. On me dit que je ne suis pas seule. Mais c’est moi qui vit ce quotidien. Les aide à domicile sont par ailleurs très mal payées. Il faudrait revaloriser leurs salaires et augmenter les effectifs.

« Je souhaiterais qu’on soit davantage écouté. On me dit que je ne suis pas seule. Mais c’est moi qui vit ce quotidien. Les aide à domicile sont par ailleurs très mal payées. Il faudrait revaloriser leurs salaires et augmenter les effectifs. »

Josette, aidante

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