Retour sur la présentation de notre plaidoyer 2022 du 24 novembre !
Un mois et demi après sa sortie officielle, le Collectif Je t’Aide présente les constats et préconisations de son 5ᵉ plaidoyer. Pour l’occasion, des membres du Collectif et acteur.rices du secteur ont présenté trois des cinq axes du plaidoyer 2022.
Un plaidoyer co-construit avec les aidant.es dans une année électorale
Pour son plaidoyer 2022, le Collectif Je t’Aide a fait le choix de travailler plusieurs thématiques essentielles aux aidant.es et de les porter auprès des pouvoirs publics. Les questions abordées étaient celles du statut et de la reconnaissance des aidant.es, des inégalités vécues par les aidant.es, du répit, du repérage des aidant.es et de la formation des professionnel.les ainsi que des aidant.es en activité professionnelle.
À travers ces 5 axes, ce sont 16 propositions transversales qui ont été proposées pour construire la suite de la stratégie “Agir pour les aidants”. Ce plaidoyer s’est construit à partir d’une méthodologie participative, mobilisant à la fois des membres du Collectif, des expert.es et des aidant.es, et ce, à travers des groupes de travail, une journée de participation citoyenne le 16 juin 2022, et une consultation en ligne ayant recueilli les retours de plus de 600 aidant.es.
Alors que le volet 2 de la stratégie “Agir pour les aidants” a été annoncé par le Ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, lors de la soirée du Collectif Je t’Aide du 6 octobre dernier, le Collectif Je t’Aide souhaite nourrir la construction de ce volet. C’est l’ambition qu’il s’est donné à l’écriture du plaidoyer “Pas sans les 11 millions d’aidant.es”.
Corinne Benzekri, présidente du Collectif Je T’Aide, a introduit cette conférence de présentation en présentant ces différents éléments.
Un répit de qualité difficilement connu et accessible
Raphaëlle Martin, Directrice du Pôle « Accueil de jour et accompagnement des aidants » à l’Association Delta 7 et secrétaire générale du Collectif Je t’Aide a présenté les constats et analyses soulignés dans l’axe 3 du plaidoyer. Ainsi a été souligné que parmi les aidant.es consulté.es en ligne, 55,7% n’ont jamais bénéficié de répit. Le constat du Collectif Je t’Aide est qu’il existe plusieurs freins à l’accessibilité des solutions de répit. Qu’ils soient des freins psychologiques des aidant.es et des aidé.es quant à l’acceptation d’une aide extérieure ou des freins structurels liés aux disparités géographiques et aux difficultés financières et administratives des offres de répit, nombreux.euses sont encore les aidant.es qui ne demandent même pas de répit. Alors que les offres de répit sont encore trop cloisonnées, car pensés en fonction des profils des aidé.es, le Collectif Je t’Aide milite pour que soient proposées des offres de répit pour tous.tes, à travers trois types de dispositifs : les dispositifs physiques via les plateformes de répit, les dispositifs numériques via les sites de référencement et les dispositifs téléphoniques via les numéros d’écoute. Pour finir, il est primordial pour le Collectif Je t’Aide de rappeler la question du coût du répit et de travailler urgemment sur celle-ci en prenant en compte les coûts cachés liés à l’épuisement des aidant.es.
Jacques Cécillon, chargé de mission à l’association française pour le Développement et la Promotion des Solutions de Répit, est quant à lui revenu sur le manque de politique de répit concrète, pointant du doigt des innovations venant d’initiatives associatives, mais encore peu suivies par les politiques publiques. En effet, les financements se font attendre et les solutions mises en place pendant ce temps de latence semble servir de “solutions pansements » n’assurant que peu de pérennité pour les aidant.es. Puis, il a aussi souligné un problème majeur dans la manière dont les solutions de répit sont aujourd’hui pensées : la dichotomie entre le traitement des personnes en situation de handicap et celles en perte d’autonomie.
Reconnaitre l’enjeu des aidant.es en emploi pour mieux les accompagner
Claudie Kulak, fondatrice et directrice de la Compagnie des aidants et vice-présidente du Collectif Je t’Aide est intervenue pour présenter les constats et analyses de l’axe “aidant.es en emploi” du plaidoyer 2022. Alors que ce sont aujourd’hui 70% des aidant.es qui sont en emploi, les questions de repérage, d’accompagnement et de droits du travail des aidant.es sont devenues de plus en plus primordiales dans notre société. Si des avancées sont à souligner avec le droit du congé proche aidant, le Collectif Je t’Aide tient à rappeler la nécessité d’élargir ce dernier. En effet, il est urgent que tous.tes les aidant.es puissent demander ce droit et que celui-ci ne soit plus pensé comme un “joker” que les aidant.es ne peuvent utiliser que pour un.e proche et dans un temps limité. Surtout, il est primordial de former les employeur.euses et responsables des ressources humaines à ces droits afin d’orienter des aidant.es qui ne connaissent encore que trop peu ces dispositifs et qui ne les demandent donc pas. Briser le tabou des aidant.es dans le milieu professionnel, c’est relever l’enjeu de la lutte contre la précarité sociale et financière des aidant.es.
À cela, Sigrid Jaud, co-fondatrice de Les Aidantes & co et de la communauté Aidants et bien plus, rappelle la plus-value des compétences acquises par les aidant.es par leur rôle. Elle rappelle la nécessité de l’accompagnement des aidant.es dans la revalorisation de leurs compétences transversales, qu’elle organise elle-même à travers des programmes de formations pour aidant.es. Puis, elle est revenue sur l’enjeu de formation des professionnel.les qui passe d’abord par leur sensibilisation à la question des aidant.es.
En effet, s’il y a aujourd’hui 1 salarié.e sur 5 qui est aidant.es, ils.elles seront 1 sur 4 dans 10 ans. Rendre les droits des aidant.es en emploi effectifs, c’est lutter contre des stratégies de dernier recours telles que l’absentéisme, les arrêts-maladies ou les démissions auxquelles les aidant.es doivent aujourd’hui se plier afin de jongler entre vie professionnelle, vie personnelle et familiale et rôle d’aidant.e.
Le rôle primordial des professionnel.les dans le repérage et l’accompagnement des aidant.es
Pour ce dernier axe, c’est Morgane Hiron, Déléguée Générale du Collectif Je t’Aide (remplaçant Elisabeth Racine, responsable développement partenariat à l’Union nationale ADMR et administratrice du Collectif Je t’Aide), qui revient sur les constats et analyse du dernier axe du plaidoyer 2022. À travers la consultation nationale du Collectif Je t’Aide, ce sont 45,4% des aidant.es consulté.es qui disent que les professionnel.les de santé accompagnant leur proche ne leur a proposé aucune solution à elles.eux, en tant qu’aidant.e. Ce chiffre témoigne alors d’un manque de reconnaissance et de formation sur qui sont les aidant.es chez les professionnel.les de santé. Si le Collectif Je t’Aide demande à ce que l’ensemble des professionnel.les, interlocuteur.rices d’aidant.es, soient formé.es, la question des professionnel.les de santé est urgente car ils.elles sont souvent les premier.ières interlocuteur.rices des aidant.es. Il est nécessaire que ces professionnel.les soient en mesure de repérer et identifier les aidant.es, de les sensibiliser à leur rôle, mais aussi de les alerter sur les risques liés à ce rôle et de les orienter vers les solutions existantes. Pour le Collectif Je t’Aide, cette formation se doit d’être couplée avec une revalorisation des métiers du soin. Il est urgent que les aidant.es et les professionnel.les de santé ne pallient plus un manque de moyens de notre système médico-social.
Docteure Anne Malouli, gériatre et fondatrice d’Haltemis, rebondit en rappelant l’importance du duo aidant.es – professionnel.le de santé dans l’accompagnement du proche aidé.e. En effet, elle souligne l’importance de la valorisation des compétences des aidant.es dans la possible coordination du parcours de soin avec les professionnel.les. L’aidant.e connaît au mieux son proche et est le.la plus à même d’être en lien avec la sphère médicale. Puis, elle revient aussi sur la formation des professionnel.les comme premier.ières interlocuteur.rices, rappelant le rôle primordial des pharmacien.nes dans le repérage des aidant.es. Former les professionnel.les c’est avant tout faire de la prévention auprès des aidant.es et relever des enjeux de solidarité nationale et de santé publique.
Liens utiles partagés par les intervenant.es
- Ma boussole aidante : https://maboussoleaidants.fr/
- Formations de l’association Avec nos Proches : https://www.avecnosproches.com/
- Formations DoctoClass (en ligne) : https://www.doctoclass.com/
- Formations du Grieps : https://www.grieps.fr/
- Formation FormAvenir : https://www.formavenir-performances.fr/
- Formation de la Compagnie des Aidants: https://lacompagniedesaidants.org/se-former/
- Formation UNAFAM: https://www.unafam.org/formation
- Formation France Alzheimer: https://www.francealzheimer.org/
- Bilans de préventions d’Agirc-Arrco : https://www.centredeprevention.fr/
Echanges et questions
Pendant le temps consacré aux questions, Raphaëlle Martin et Jacques Cécillon ont pu revenir sur la nécessité de prendre en compte la situation de chaque aidant.e et les besoins de chaque aidé.e afin de penser les solutions de répit. En effet, une même situation peut amener à devoir mettre en place des solutions différentes.
Puis, Claudie Kulak rappelle la demande du Collectif concernant la rémunération des aidant.es pendant le congé proche aidant.es qui doit être revalorisée et non plus indemnisée au SMIC. Suite à une question, elle précise qu’il n’y a, à ce jour, pas de contrat de travail spécifique pour les aidant.es. Sur la question du partage de sa situation d’aidance avec son employeur.euse, Claudie Kulak et Sigrid Jaud, reviennent sur la nécessité de repérer, dans son entreprise, les interlocuteur.rices à qui se confier (ressources humaines, représentant.e syndical, assistant.e social, un.e collègue) mais aussi, en dehors de l’entreprise, de repérer les associations d’aidant.es et de patient.es. Elle souligne toutes les deux la nécessité de briser le tabou qu’est l’aidance au sein des entreprises.
Pour finir, la question de l’identification des aidant.es a été posée. Anne Malouli est revenue sur le travail de l‘Agirc-Arrco concernant l’identification et l’accompagnement des aidant.es notamment à travers les bilans de préventions proposés par les centres Agirc-Arrco.
Lors des échanges, il a été souligné la richesse des questions liées à l’aidance.
Si cette conférence était l’occasion de présenter le plaidoyer 2022 du Collectif Je t’Aide et d’échanger sur des thématiques précises, d’autres sujets, transversaux aux trois axes abordés ont été évoqués. Ainsi, c’est notamment la question des jeunes aidant.es, mineurs ou bien entre 18 et 25 ans qui a été soulignée dans la discussion. Ce sujet est cher au Collectif Je t’Aide, qui a pour membre l’association JADE, et qui milite pour plus de repérage et d’accompagnement dans les écoles, universités et autres lieux de socialisation de ces jeunes.
Puis, c’est la question du genre qui a été pointée du doigt par plusieurs participant.es. Claudie Kulak a alors rappelé les chiffres : 58% des aidant.es sont des femmes et plus la pathologie est compliquée à prendre en charge, plus les femmes sont impliquées dans l’accompagnement de leur proche puisque le chiffre monte à 64%.
Le Collectif Je t’Aide remercie l’ensemble de ses membres et des intervenant.es de cette conférence de présentation de son plaidoyer. Il remercie également les 150 personnes qui se sont connectées en ligne afin d’assister à ses échanges et qui ont participé à la discussion.