Aidant.e – aidé.e, comment faciliter la relation ?

Etre aidant.e et savoir comment se comporter de la meilleure manière à l’égard de son.sa proche fragilisé.e n’est pas toujours une chose évidente. L’association Avec Nos Proches et les psychologues de Ressources Mutuelles Assistance vous proposent un éclairage dont l’objectif est de vous fournir quelques clefs pour améliorer la relation du tandem aidant.e- aidé.e, surtout en situation de crise.

Prenons le cas de Marc atteint de la maladie d’Alzheimer qui, lors du confinement, demande toutes les cinq minutes à sa femme Rachel pourquoi il ne peut pas sortir. Il ne comprend pas la situation. Rachel fait son possible pour le rassurer, elle lui répète que tout va bien, qu’il est en sécurité et pourtant, rien n’y fait. Marc demande encore et encore  “Pourquoi je ne peux pas sortir ?”.Les aidant.e.s sont souvent confronté.e.s aux angoisses et aux questions répétitives de leurs proches et ont tendance à vouloir les rassurer quitte à les surprotéger et les couvrir d’une attention de chaque instant. 

Dans la mesure du possible, rassurer son.sa proche signifie adopter avant tout une posture d’observation et d’écoute de ses besoins particuliers : quel est le déclencheur de son angoisse ? Quelle est la situation, l’attitude, le comportement, le/les mots qui ont suscité une réaction particulière ? Se poser ce type de questions amène une compréhension plus large. Cela permet également d’éviter le piège classique d’imposer des solutions que l’on croit adéquates pour l’autre parce que adéquates pour soi. Or le défi est là : lorsque l’on est nous même assailli par nos émotions, il s’agit de garder en tête que l’autre n’est pas soi. 

Si cette posture de distance émotionnelle est évidemment idéale dans la théorie, elle n’est pas toujours aisée à adopter dans le feu de situations qui nous touchent de près. Parler à des professionnel.le.s peut alors vous permettre de prendre le recul nécessaire tout en trouvant des solutions. Trop d’aidant.e.s restent seul.e.s, sans demander l’aide dont ils.elles ont besoin. N’hésitez pas à vous tourner vers des associations qui proposent des lignes d’écoute gratuites et dont la vocation est de vous guider au mieux. 

 

 

Lise vient d’accueillir son père, Antoine, qui vient de perdre sa femme depuis quelques semaines. Elle se sent agacée car il passe tout son temps devant la télévision avec le son qui fait trembler les murs de l’appartement. Antoine s’est renfermé sur lui-même et semble fermé à toute discussion. Partagée entre colère, tristesse et compassion, Lise est frustrée par ce mutisme et se sent bien seule. Elle aussi est en deuil.

Comment faire face à ce type de situation ? Comment rétablir la communication alors que toutes les portes semblent fermées à double tour ?

Du point de vue de Lise, son père n’a pas le comportement adapté. Elle aurait aimé un peu de reconnaissance, de considération et passer un peu de temps avec lui. Du point vue d’Antoine, la télévision est un échappatoire à sa tristesse et aux idées noires qui lui traversent l’esprit.

S’il peut y avoir mille raisons qui expliquent des postures différentes, la clé pour dissiper toute tension est la recherche de compréhension mutuelle. Plutôt que d’interpréter, oser poser ouvertement des questions à l’autre est un premier pas vers plus d’apaisement. En s’exprimant et en cherchant à comprendre les ressentis de l’autre, la qualité des relations s’améliore significativement. 

 

Le saviez-vous ? Les émotions se transmettent sans avoir besoin de l’usage des mots.

Ainsi, exercer votre capacité à rester calme influera toujours de la bonne manière sur l’état d’être de votre proche. Sortir de sa spirale émotionnelle est néanmoins un défi.

La pratique quotidienne de techniques de respiration comme la cohérence cardiaque vous permettra d’équilibrer votre système nerveux et de maintenir au fur et à mesure votre calme, même dans la tempête.

Si vous êtes aidant.e.s et que vous éprouvez le besoin de prendre du temps pour vous mais que vous culpabilisez

Emile est aidant d’Elodie, sa fille de 12 ans, polyhandicapée. Il a beaucoup à faire auprès d’elle, et ses seuls moments d’oxygène sont ceux du travail quand il peut retrouver ses collègues et s’investir dans les activités de son entreprise. Or, depuis quelques temps, il ne travaille plus et consacre tout son temps à sa fille. Si celle-ci semble plus apaisée, Emile, lui, se sent épuisé. 

Investir tout son temps au bénéfice de son.sa proche pour lui apporter une meilleure qualité de vie crée souvent un dilemme entre le fait de prioriser le bonheur de celui-ci et sa propre bulle d’oxygène, tout aussi importante. Conséquences : tensions et épuisement s’installent. Que faire lorsque le rôle d’aidant.e prend le dessus sur la vie personnelle et sur le besoin d’intimité ? 

Tout être humain a besoin de prendre soin de lui, de s’accorder du temps, une activité, un espace intime qui n’appartient qu’à lui. Être aidant.e ne signifie pas s’oublier. Même s’il est difficile de ne pas porter la souffrance de son proche sur ses épaules, une juste distance émotionnelle est à cultiver pour maintenir une relation équilibrée. Le surinvestissement émotionnel amène souvent un surplus de stress et de fatigue dont personne n’a besoin dans ces situations déjà bien délicates. Emile s’est rapproché depuis peu d’une association spécialisée dans le répit. Il arrive maintenant à prendre un peu de temps pour lui tout en se sentant rassuré pour Elodie.

 

Martine est retraitée, et aide quotidiennement Jeanne, sa maman de 97 ans. Elle réussit à prendre du temps pour elle, malgré un sentiment persistant de culpabilité dès qu’elle se détache un moment de sa mère.

La culpabilité est un sentiment normal ressenti par beaucoup d’aidant.e.s. Ce sentiment ne vient pas de nulle part : il prend sa source dans votre histoire personnelle, via des déclencheurs internes, ou autour de vous via des déclencheurs externes.

Dans la situation de Martine, qui est aidante de sa maman, ce sentiment provient de son histoire : alors que Jeanne a pris soin de sa fille tout au long de son enfance, Martine veut pouvoir assurer tous les soins nécessaires au bien-être de sa maman sans les déléguer, comme si inconsciemment elle voulait rembourser une dette : celle de l’amour, de l’attention reçue. Alors, lorsqu’elle demande de l’aide, et qu’elle délègue une partie de ses fonctions d’aidantes à un.e professionnel.le, elle le perçoit comme un échec, d’où l’installation de ce sentiment de culpabilité.

De plus, sa grande soeur Erika habite à 300 km de Jeanne, et répète à Martine qu’elle ne devrait pas abandonner sa maman, même pour se retrouver seule, ne serait-ce qu’un après-midi par semaine. De ce fait, Martine se sent encore plus coupable de ne pas être l’aidante parfaite et idéale comme l’espère sa soeur. 

 

Si vous vous reconnaissez dans une de ces situations, n’hésitez pas à échanger sur ce que vous vivez avec des professionnel.le.s de santé. Des lignes d’écoutes pourront également vous épauler, et vous orienter en fonction de votre situation. 

Article expert, réalisé avec Maëlle Chevallier , coordinatrice des bénévoles de l’association Avec Nos Proches, Alexandra Parois, responsable du pôle psychologique et Julie Lorieau, psychologue chez RMA (Ressources Mutuelles Assistance)

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