Plaidoyer 2023

Articulation des temps de vie : enjeux et solutions. Découvrez la présentation du plaidoyer 2023  

Cette année, le plaidoyer du Collectif Je t’Aide porte sur l’articulation des temps de vie des aidant·es. Trois expertes de l’aidance et une aidante sont intervenues lors du webinaire de présentation du plaidoyer le 20 juin dernier. Chacune est revenue sur les spécificités d’un temps de vie particulier : la jeunesse, la vie professionnelle et la retraite.

Pourquoi parler de l’articulation des temps de vie des aidant·es ?

La difficile articulation des temps de vie est un dénominateur commun à l’ensemble des aidant·es. Toutes et tous cumulent plusieurs rôles, chacun concernant un pan de leur vie, auquel s’ajoute leur rôle d’aidant·e. Cette multiplicité des rôles a des impacts forts sur les aidant·es et ancien·nes aidant·es qui souffrent d’un manque de temps, d’un épuisement physique et mental, de précarité et d’isolement. Ces impacts sont différents selon les temps de vie.

Le plaidoyer 2023 du Collectif Je t’Aide présente les spécificités de trois temps de vie : la jeunesse, la vie professionnelle et la retraite.

Quel a été le programme lors du webinaire du 20 juin ?

Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide a introduit le webinaire en remerciant l’ensemble des personnes qui se sont mobilisées pour la construction et la conception du plaidoyer 2023, parmi lesquels de nombreux·ses expert·es, aidant·es et ancien·nes aidant·es. 

Morgane Hiron, Déléguée Générale du Collectif Je t’Aide est ensuite intervenue pour présenter les actions du Collectif Je t’Aide, le contexte de la sortie de son plaidoyer et le thème et les principaux constats du plaidoyer.

Les problématiques vécues par les aidant·es au cours de trois de vie différents ont ensuite été discutées dans le cadre d’une table-ronde composée de 4 intervenantes.

Des inégalités venant compliquer les parcours des aidant·es

Si l’aidance est souvent synonyme de précarisation, de difficultés à maintenir du lien social, tous les profils d’aidant·es ne sont pas touché·es de la même manière. Ouvrant la table-ronde, Sophie Odena, docteure en sociologie, a rappelé la diversité de profils parmi les aidant·es. 

Socialisées au “prendre soin”, les femmes sont plus nombreuses (60%) à se sentir responsables et donc à s’occuper de leurs proches en situation de handicap, malades ou en perte d’autonomie. Les impacts négatifs de l’aidance viennent s’ajouter aux inégalités déjà vécues par les femmes dans la société (inégalités salariales, discriminations au travail…). Les aidant·es occupant un emploi avec un bas niveau de qualification et un faible niveau de rémunération sont davantage précarisé·es par l’aidance que d’autres aidant·es. Refusant de mélanger ce qui relève du professionnel et ce qui relève de l’intime, certain·es aidant·es font le choix de ne pas mentionner leur situation d’aidance dans le monde professionnel et passent ainsi à côté des dispositifs existants pour les aidant·es. L’ensemble des aidant·es n’a par ailleurs pas accès à des professionnel·les pour accompagner leurs aidé·es. Ces inégalités peuvent s’expliquer par la “fracture numérique”, l’existence de “déserts médicaux” ou encore le manque d’information permettant de recourir aux aides. 

Toutes ces réalités creusent les inégalités entre aidant·es. Sophie Odena a donc rappelé l’importance de repérer les aidant·es afin de réduire ces inégalités.

Quelles sont les particularités des jeunes aidant·es ?

Pauline Justin, docteure en psychologie est revenue sur les difficultés rencontrées par les jeunes aidant·es. En plein développement cognitif et social, les jeunes aidant·es jonglent entre leur rôle d’écolier ou d’étudiant·e et leur rôle d’aidant·e. Les recherches menées par l’équipe JAID (Recherches sur les jeunes aidants) montrent que les choix d’orientation des jeunes aidant·es diffèrent des jeunes qui ne sont pas aidant·es et impactent leurs futurs de manière significative. Ils.elles ne demandent pas systématiquement de l’aide : certain·es considérant que c’est normal, d’autres souhaitant que l’école reste un lieu “à part” au sein duquel ils.elles ne sont pas identifié·es et perçu·es comme des aidant·es, d’autres encore ayant peur d’être stigmatisé·es. 

Bien qu’ils.elles fassent l’objet de plus en plus de reportages et enquêtes, l’imaginaire collectif peine encore à imaginer que les jeunes aidant·es existent. Il est pourtant primordial de reconnaître les jeunes aidant·es pour les prendre en charge et leur faire savoir que des dispositifs existent pour elles.eux

Pour Pauline Justin, mettre en lumière les jeunes aidant·es et former l’ensemble des professionnel·les à la question de la jeune aidance doivent être une priorité.

Quels sont les enjeux propres à la vie professionnelle ?

En tant que Vice Présidente de l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines) et Directrice des ressources humaines du groupe AFNOR, Laurence Breton Kueny est ensuite intervenue pour présenter ses pistes de solutions pour les salarié·es aidant·es. Sa double casquette lui permet aujourd’hui d’identifier certains freins à l’accompagnement des aidant·es en entreprise. D’un côté, il existe des différences notables d’accompagnement des aidant·es selon les organisations dans lesquelles ils.elles travaillent. De l’autre, les profils d’aidant·es sont nombreux·ses et parmi elles.eux : certain·es s’épuisent, ne font appel à aucun tiers et ne demandent pas d’aide au sein de leurs entreprises. Si la crise sanitaire a ouvert la possibilité aux aidant·es de télétravailler (en tant que salarié·es considéré·es comme personnes vulnérables), le travail à distance ne doit pas être la seule option proposée pour Laurence Breton Kueny. “L’idée n’est pas de mettre l’aidant en risque parce qu’il ne peut pas concilier ses deux vies.” D’autres solutions existent pour faciliter l’expérience professionnelle des aidant·es, comme la mise en place de dons de jours, de pratiques de formation des managers (à l’écoute des besoins des aidant·es et à la détection de signaux faibles) ou encore de politiques de prévention QVTC (Qualité de Vie et Conditions de Travail). Laurence Breton Kueny a par ailleurs rappelé que “On ne peut aider que les personnes qui ont envie d’être aidées” ; il est donc primordial que les aidant·es parlent de leur situation.

Quels sont les impacts spécifiques de l’aidance sur la retraite ?

Véronique MUNCK, jeune retraitée et aidante ayant participé à la journée de travail dédiée au plaidoyer de mai 2023 a terminé le tour de table en présentant les impacts spécifiques de l’aidance sur la retraite. Elle a tout d’abord rappelé que l’allongement du temps travaillé pour les aidant·es est aussi source de difficultés physiques et psychologiques, et que la récente réforme des retraites ne risque pas d’améliorer la situation des aidant·es. Véronique Munck a témoigné des impacts de l’aidance sur la santé des aidant·es : la répétition de gestes pour lesquels ils.elles n’ont pas reçu de formation génère des impacts sur la santé physique. Elle a par ailleurs rappelé que l’aidance est souvent synonyme de vie professionnelle hachée, ce qui a une incidence sur les revenus des aidant·es. Avoir des revenus moindres est source d’anxiété supplémentaire pour les retraités qui aident. Certaines personnes découvrent l’aidance à plus de 75 ans : pour ces aidant·es en particulier, la connaissance de leurs droits est précaire. N’ayant jamais eu besoin d’aide, ils.elles ne savent pas nécessairement où en trouver. Il est donc primordial pour Véronique Munck que l’information sur les aides existantes soit diffusée au maximum auprès des aidant·es mais aussi des aidant·es en devenir, notamment par le biais des RH. 

Alors que la retraite est souvent pensée comme “un moment pour soi”, les membres du cercle proche des personnes aidées s’attendent au contraire à ce que les aidant·es à la retraite soient encore plus disponibles pour leurs proches aidé·es. Il est pourtant essentiel pour les aidant·es de conserver du lien social pour continuer à aider son aidé·es au mieux.

Suite à ces quatre interventions, les participant·es ont pu échanger librement et ainsi poser leurs questions. Les échanges ont notamment porté sur les dons de congés en entreprise, la possibilité d’allonger le congé de proche aidant sur le modèle des congés maternité et l’accompagnement des proches aidant·es dans les zones rurales. 

Soyez les ambassadeur·rices de ce plaidoyer par et pour les aidant·es ! Transmettez-le, diffusez-le ! 

Merci à Malakoff Humanis pour leur soutien et leur confiance dans l’élaboration et la publication de ce plaidoyer.

Je telecharge le plaidoyer

Conférence en ligne de présentation

Retrouvez le powerpoint de la présentation

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